dilluns, 4 de desembre del 2006

Chávez o el triomf dels petrodòlars

CARACAS, 4 déc 2006 (AFP) - Le triomphe électoral de Hugo Chavez au Venezuela doit plus à ses généreux programmes sociaux à grand renfort de pétro-dollars qu'aux thèses révolutionnaires du champion de la gauche anti-américaine, selon les experts.

Depuis un putsch avorté contre lui en avril 2002, le chef d'Etat socialiste s'est forgé un puissant soutien électoral à travers ces dispositifs d'aide dont bénéficient les pauvres, la moitié de la population.

"Le triomphe apporté par le peuple à Chavez, c'est d'abord et surtout un appui offert à un dirigeant populaire qui distribue de l'argent aux pauvres grÔce au pétrole", a déclaré à l'AFP Luis Vicente Leon, directeur de l'Institut d'enquête d'opinion Datanalisis.

Huit Vénézuéliens sur dix rejettent le régime cubain de Fidel Castro, son père spirituel, ainsi que la violation de la propriété privée ou du respect des droits des citoyens, selon un récent sondage publié par Datanalisis.

Pour l'expert politique, le régime "prend le risque de se fissurer s'il persiste à croire que le peuple soutient le socialisme".

Sitôt réélu pour un nouveau mandat de six ans avec plus de 61% des voix, Hugo Chavez a lancé depuis le balcon de la présidence que la population avait "voté pour la révolution".

Mais les couches les plus modestes semblent surtout attendre que le régime poursuive ses "missions" dans les quartiers défavorisés.

"Nombreux électeurs, qui ne sont ni socialistes, ni anti-américains, ni révolutionnaires, ont voté pour lui dans l'espoir de voir seulement l'argent continuer à tomber dans leurs poches", explique à l'AFP Yolanda D'Elia, sociologue à l'Institut latino-américain d'investigation sociale (Ildis).

Selon elle, le président vénézuélien doit impérativement "ouvrir un dialogue avec les autres secteurs" de la société.

Critique sur l'aspect clientéliste de ces "missions", dépourvues de tout caractère institutionnel, la sociologue estime que Chavez doit répondre à "la demande sociale" des pauvres et "améliorer leur bien-être économique".

La réélection du chef d'Etat ne doit d'ailleurs pas occulter le redressement spectaculaire d'une opposition, longtemps exsangue et démunie, qui a su capter les déçus du régime.

"Beaucoup d'électeurs ont voté pour Chavez en disant que ce serait la dernière fois si les choses ne changent pas", note Yolanda D'Elia, soulignant que le candidat de l'opposition, le social-démocrate Manuel Rosales, "a montré le chemin d'une option démocratique".

La montée de ces revendications dans ce pays habitué aux violents mouvements sociaux constitue une menace pour le gouvernement dont les recettes dépendent surtout des cours du pétrole, poumon de l'économie vénézuélienne.

Or le discours anti-libéral de Chavez ne laisse pas augurer de "grands changement dans le domaine économique", remarque Pedro Palma, économiste au sein du cabinet MetroEconomia, consulté par les principales entreprises du pays.

Selon cet analyste, l'annonce d'une extension de sa révolution risque de "générer une incertitude auprès de tous les agents économiques et les investisseurs étrangers".

Le chef de campagne de M. Rosales, Teodoro Petkoff, a appelé lundi le président réélu à "rétablir au Venezuela une vie politique civilisée", déplorant la "non-communication absolue entre gouvernement et opposition".

Proche de Chavez, son conseiller militaire, l'ex-général Alberto M³ller, avait récemment exprimé des doutes sur le référendum projeté par le chef de l'Etat pour permettre sa réélection pour un nombre illimité de mandats présidentiels.

"A mon avis, ce ne serait pas la meilleure décision", a-t-il jugé, admettant que cette réforme constitutionnelle constituait à l'origine une "forme d'intimidation" de l'opposition