Le soutien spontané, si l’on s’en tient aux medias, dont a bénéficié Roman Polanski en France, révèle combien notre conception de la justice et du droit se distingue de la version américaine. Persuadés que la justice est relative et le droit variable selon que l’on est puissant ou misérable, on n’envisage pas en France que, le droit comme la Constitution aux Etats-Unis soient intangibles. Sur les mœurs, nous sommes tout autant relativistes : le procès intenté à Polanski semble aussi excessif que l’affaire Monica Lewinsky qui faillit emporter Bill Clinton. Depuis Louis XV, nos élites estiment que le pouvoir confère quelque droit à l’immoralité.
Par-delà le sort de Roman Polanski, on voit que s’opposent deux conceptions de la société : l’égalitarisme démocratique américain – dont Tocqueville pressentait le caractère oppressant – et le relativisme français où la loi et les mœurs se plient aux circonstances. Il est aussi remarquable que le gouvernement français en appelle à ses correspondants américains et suisses, persuadé que la Justice, là-bas comme ici, obéit au pouvoir. Bien entendu, des intellectuels publics pétitionnent, persuadés que leur plume retournera l’opinion américaine en faveur de Polanski. Mais les médias, aux Etats-Unis, estiment que le dernier mot doit revenir aux juges ; c’est aussi en France, la position courageuse et remarquablement solitaire de Daniel Cohn-Bendit.
(Josep Pla)
dijous, 1 d’octubre del 2009
Polanski i la Democràcia a Amèrica
Guy Sorman: