dijous, 27 de gener del 2011

L'optimisme de la voluntat

Entrevista amb Habib Sayah, jove tunisià estudiant de dret a la Sorbona. Habib Sayah presideix el "think-tank" francès Energie Libérale.

On disait que la chute de Ben Ali favoriserait la victoire des islamistes aux prochaines élections. Qu’en est-il ?

La menace islamiste, bien que réelle, est à relativiser. La Tunisie a une tradition libérale dans sa pratique de l’Islam, notamment en ce qui concerne les rapports entre la religion et l’Etat. Nombreux sont les Tunisiens qui y sont solidement attachés.

En outre, lors des manifestations qui ont mené à la Révolution, les islamistes étaient quasiment absents. Ce mouvement était en grande partie apolitique et déconnecté de toute considération religieuse. D’ailleurs, la plupart des grands acteurs de la société civile qui ont soutenu la révolution étaient laïcs. Il faut également rappeler que le parti islamiste Enahdha est davantage assimilable au conservatisme qu’à l’intégrisme. Ennahdha ressemble plus à l’AKP turc qu’aux talibans afghans. Or, les médias français ont surfé sur la vague de la peur en brandissant la menace de l’intégrisme au cours des semaines précédentes. Aujourd’hui, les islamistes pourront participer à la vie politique tunisienne. Ils auront sans doute un poids non négligeable, mais ce sera l’occasion pour les forces vives laïques de remporter la bataille contre l’islamisme sur le terrain des idées, et nous avons une école de pensée très riche en matière de réformisme musulman, marquée par son libéralisme théologique qui s’inscrit dans la tradition initiée par Salem Bouhageb dès le 19e siècle.

En tout cas, la menace islamiste n’était pas une raison pour mettre fin à la Révolution. Le maintien de Ben Ali au pouvoir aurait, bien au contraire, servi les islamistes car l’ancien régime étouffait la société civile laïque qui est le seul véritable rempart contre l’obscurantisme.