Adéu a Nihil Obstat | Hola a The Catalan Analyst

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divendres, 22 de juny del 2007

Gaza, les raons de la violència

Article de lectura imprescindible. Publicat a Le Monde i escrit per Gunnar Heinsohn, director de l’Institut Raphael-Lemkin de la Universitat de Bremen, el primer institu europeu consagrat a l’estudi comparat dels genocidis.

Le 11 septembre 2005, Israël évacuait la bande de Gaza. Le lendemain, quatre synagogues y étaient incendiées. Une foule enthousiaste de jeunes du Hamas et du Fatah applaudirent à ces profanations, qu’ils célébrèrent comme des feux de joie annonçant l’avenir d’une Palestine indépendante.

Dix-huit mois plus tard, les combattants des deux organisations mènent toujours des attaques conjointes contre leur voisin détesté. De septembre 2005 à juin 2007, leurs fusées Kassam ont tué 11 Israéliens. Mais, durant la même période, quelque 600 Palestiniens sont morts dans les affrontements entre factions rivales. Des milliers d’autres ont été blessés et la moitié de la population traumatisée par une spirale sans fin de meurtres et de représailles. On voit même des frères, le visage dissimulé sous des cagoules, qui cherchent à s’égorger entre eux.

Qui est responsable de cette violence et de ces conflits ? Il y a beaucoup de réponses à cette question, mais il est intéressant de noter qu’Ahmed Youssef, haut responsable du Hamas et conseiller politique d’Ismaïl Haniyeh, le premier ministre palestinien (limogé le 14 juin), ne met pas les troubles en cours à Gaza sur le dos des “Juifs” ni sur le manque de dévotion religieuse de ses adversaires du Fatah. En mai, il a déclaré au journal cairote Al-Ahram que le principal problème résidait dans l’incapacité du Fatah comme du Hamas à “contrôler leurs hommes dans les rues”. Mais pourquoi donc la violence a-t-elle pu échapper à tout contrôle dans une culture où l’obéissance est une vertu cardinale ? La réponse est à chercher du côté d’une explosion d’une autre nature.

Gaza est submergée par un boom démographique, qui ne montre pas le moindre signe de ralentissement. Entre 1950 et 2007, sa population est passée de 240 000 à près de 1,5 million d’habitants. Comment une croissance aussi rapide a-t-elle été possible dans un territoire d’une telle exiguïté et privé d’une économie digne de ce nom ? Cet exploit insigne a été réalisé par l’United Nations Relief and Works Agency for Palestine Refugees in the Near East (Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient). En vertu du droit international, l’UNRWA considère en effet tout résident de Gaza comme un réfugié. L’organisme fournit donc un logement et assure les frais de scolarité et de santé à tout nouveau-né - que celui-ci soit le premier ou le dixième enfant d’une famille.

Résultat de la politique et des programmes de l’UNRWA, la majorité juive qui prévalait en Israël et dans les territoires occupés est devenue minoritaire. Dans la tranche d’âge des plus de 60 ans, les Juifs sont trois fois plus nombreux que les Palestiniens. Mais ils sont minoritaires dans les générations plus jeunes, où se recruteront les combattants des guerres des décennies à venir. En 2005, on comptait 640 000 garçons juifs de moins de 15 ans, contre 1,1 million d’enfants mâles du même âge dans la partie arabe. Beaucoup de jeunes Juifs sont des fils uniques qui se consacrent avant tout à leur future carrière professionnelle. En face, plus des deux tiers des garçons arabes ont deux, trois ou quatre frères. Ni leurs pères ni l’UNRWA ne leur laisseront le moindre bien ni ne leur prépareront une place décente dans la vie.

M. Haniyeh, par exemple, est né en 1962 et a été élevé grâce à l’argent de l’aide occidentale. Il est le père de 13 enfants. En cette année, Gaza compte 46 000 hommes dans la tranche d’âge des 45-59 ans, à laquelle appartient M. Haniyeh. Dans la tranche des 0-14 ans, on dénombre 343 000 garçons. Aux Etats-Unis, pour 1 000 hommes âgés de 45 à 49 ans, on ne compte que 945 garçons âgés de 0 à 4 ans. Chez les Juifs israéliens, le rapport est d’environ 1 500 pour 1 000. A Gaza, en revanche, pour 1 000 hommes de 45 à 49 ans, on compte près de 6 200 garçons entre 0 et 4 ans.

JEUNES GENS EN COLÈRE

Si la population américaine avait suivi le même taux de croissance que celle de Gaza, les Etats-Unis seraient passés d’une population de 152 millions en 1950 à 945 millions en 2007, soit près du triple de son chiffre actuel, de 301 millions. Les hommes de 15 à 29 ans, qui sont ceux traditionnellement en âge de combattre, seraient non pas 31 millions comme c’est le cas, mais 130 millions. Confrontés à une telle explosion démographique, les institutions culturelles et les politiciens américains seraient-ils en mesure de “contrôler leurs hommes dans les rues” ?

Au cours des quinze prochaines années, un nombre toujours croissant de jeunes gens en colère vont écumer les rues de la Palestine en raison d’une faille originelle dans le processus de paix Arafat-Rabin. Une promesse occidentale d’aider tous les enfants déjà nés mais de supprimer les aides internationales à ceux venus au monde après 1992 et, en même temps, de stopper toute nouvelle installation de colonie israélienne, aurait dû être le premier pas du processus d’Oslo. Comme en Algérie ou en Tunisie, où le taux de fécondité est tombé de 7 à moins de 2 et où le terrorisme a cessé, Gaza, en 2007, aurait vu la quasi-totalité de ses garçons atteindre l’âge de 15 ans en tant que fils uniques. Ils n’auraient dès lors guère eu de raisons de tuer leurs concitoyens ou des Israéliens. Aujourd’hui, pourtant, le taux de fécondité à Gaza est toujours proche de 6. Cette démographie galopante continuera de produire en grand nombre des jeunes hommes sans perspective d’emploi ni aucune place dans la société, et dont l’unique espoir sera de se battre pour s’assurer l’une et l’autre.