Editorial de Le Figaro sobre l'intent de l'ONG L'Arca de Zoè de passar 1l·legalment 103 infants de l'est del Txad cap a França:
Le génocide qui se déroule au Darfour et qui a fait fuir des centaines de milliers de réfugiés vers le Tchad et la République centrafricaine justifie non seulement le déploiement prochain d'une force de paix de l'Union européenne et des Nations unies mais également la présence d'organisations humanitaires connaissant parfaitement bien le terrain. Plus de deux millions de personnes ont été déplacées dans cette effrayante guerre civile qui a fait au moins 200 000 morts, selon l'ONU.
Or voilà qu'une association sortie de nulle part, certes sans doute animée par un désir sincère de « sauver des vies », risque malheureusement d'aggraver la tragédie qu'elle espérait combattre. D'abord parce qu'elle fournit un prétexte aux autorités tchadiennes pour retarder, voire remettre en cause le déploiement de la force internationale tant attendue.
Or on sait très bien - mais ce détail avait sans doute échappé à L'Arche de Zoé - que le Tchad n'est pas un chaud partisan de la mise en place de ces fameux « corridors humanitaires ». Ensuite parce que les agissements de l'organisation, qui a opéré en toute illégalité, en dépit des avertissements, tendent à jeter le discrédit sur les organisations humanitaires sérieuses qui ont le mérite d'oeuvrer dans une des régions les plus dangereuses du monde. Qualifier leurs actions de « routine », comme le fait le défenseur de l'organisation, est choquant quand on connaît les risques et les difficultés qu'elles rencontrent.
Le meilleur et le pire coexistent dans l'univers, hélas parfois trouble, de l'aide humanitaire - on pourrait d'ailleurs en dire autant de l'écologie, où interviennent vrais experts, doux rêveurs ou ayatollahs de la cause... Certaines organisations ont fait de la compassion un « business », en profitant de la crédulité et de la générosité du public, d'autres y voient une aventure et dénichent sans peine des volontaires en mal d'idéal pour panser les plaies de la planète... de préférence sous l'oeil d'une caméra.