Adéu a Nihil Obstat | Hola a The Catalan Analyst

Després de 13 anys d'escriure en aquest bloc pràcticament sense interrumpció, avui el dono per clausurat. Això no vol dir que m'hagi jubilat de la xarxa, sinó que he passat el relleu a un altra bloc que segueix la mateixa línia del Nihil Obstat. Es tracta del bloc The Catalan Analyst i del compte de Twitter del mateix nom: @CatalanAnalyst Us recomano que els seguiu.

Moltes gràcies a tots per haver-me seguit amb tanta fidelitat durant tots aquests anys.

dimarts, 15 d’abril del 2008

La manipulació política de les xifres de morts

Les xifres del CRED posen al descobert la manipulació política i mediàtica respecte al nombre de morts en conflictes internacionals que es difonen. Ho explica “Le Monde” en un article que publico sencer ja que només és accessible per a subscriptors:
Les bilans, communément cités, dépassent l’entendement et bousculent les consciences : 5,4 millions de morts en République démocratique du Congo (RDC, ex-Zaïre) depuis 1997, selon l’International Rescue Committee (IRC) ; plus de 650 000 morts en Irak entre 2003 et 2006, selon une enquête publiée par le magazine médical The Lancet ; 400 000 morts au Darfour depuis 2003, selon l’organisation Save Darfur.
Ces chiffres ont contribué à tirer de l’indifférence des populations martyrisées. Mais sont-ils justes ? Fruits de techniques récentes, qui cumulent les approximations, ils sont en tout cas rarement expliqués ou présentés avec les précautions dues.
A la manière de sondages, ces bilans sont des extrapolations, produites sur la base d’enquêtes auprès de quelques centaines ou de milliers de foyers, plus ou moins représentatifs, qu’on interroge sur le nombre de personnes décédées dans leur famille. Selon les techniques retenues ou les inclinaisons des auteurs, les résultats varient considérablement. Au Darfour, les bilans les plus pessimistes (plus de 450 000 morts, selon le militant Eric Reeves) sont quatre fois supérieurs aux bilans les plus prudents. En Irak, les chiffres les plus alarmistes (plus d’un million de morts, selon Opinion Research Business, un institut de sondage britannique) sont dix fois supérieurs aux estimations conservatrices.
La pratique est “devenue un monstre : tout le monde fait des échantillons”, estime Debarati Guha-Sapir, directrice, à l’université de Louvain, du Center for Research on the Epidemiology of Disasters (CRED), une référence. “C’est très vite politisé”, ajoute la chercheuse, qui prédit que “le château de cartes va s’écrouler”. Et de citer la guerre en Bosnie, où le bilan des victimes, longtemps évalué à 200 000, a depuis été établi à près de 100 000 morts. “Les lobbies de bonne volonté, comme Save Darfur, font du tort à la vérité et à leur cause”, estime Mme Guha-Sapir, qui craint un “effet boomerang” pour les scientifiques qui s’efforcent de compter objectivement les morts.
Alors que, jusqu’à la guerre du Kosovo ou aux troubles au Timor-Oriental, les bilans ne reflétaient que les victimes des violences, les chiffres les plus cités additionnent aujourd’hui les victimes des conséquences des guerres : sous-alimentation, maladies, manque d’accès aux soins…
En RDC, selon l’IRC, moins de 0,4 % des morts sont attribuées aux violences. Au Darfour, environ les trois quarts des victimes sont mortes de malaria, de diarrhées et autres causes indirectes. Ce calcul est, plus encore, subjectif. Il consiste à évaluer la “surmortalité” dans une zone, c’est-à-dire la différence entre la mortalité qu’on aurait pu anticiper en temps de paix et la mortalité observée dans le conflit. Si, faute de chiffres solides, la mortalité avant le conflit est sous-évaluée, le bilan de la guerre est mécaniquement surévalué.
A condition d’être clairement expliquée, la présentation du bilan global d’un conflit reste pertinente, dans la mesure où elle reflète mieux le véritable coût humain. Mais c’est rarement le cas.
Du coup, cette présentation peut être “fondamentalement trompeuse”, estime Andrew Mack, directeur de l’institut Human Security Center, qui juge la réalité “suffisamment terrible” pour éviter les dramatisations.
En août 2007, Save Darfur a été épinglé par la British Advertising Standards Authority, gardienne de la véracité des publicités, pour une campagne qui affirmait, sans preuves : “En 2003, le président soudanais Omar Al-Bachir (…) a lancé des milices armées brutales pour massacrer des villages entiers de ses propres citoyens. Trois ans plus tard, 400 000 hommes, femmes et enfants innocents avaient été tués.”
En novembre 2006, le Government Accountability Office (GAO, qui enquête pour le Congrès américain) a soumis les principales études sur la mortalité au Darfour au contrôle de douze experts en épidémiologie, statistiques et histoire de la région.
Aucune des études n’a pleinement convaincu le panel, qui a toutefois jugé que la plus solide était celle du CRED, lequel a évalué à 125 000 (intervalle 95 000 à 210 000) le nombre de victimes de février 2003 à juin 2005, dont près de 33 000 à cause des violences (intervalle 25 000 à 50 000). L’estimation retenue dans la presse de référence s’appuie, elle, sur des déclarations de l’ancien coordonnateur humanitaire de l’ONU, Jan Egeland, qui, en mars 2005, a extrapolé des chiffres de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour évaluer à 200 000 les victimes directes et indirectes du conflit. Ce chiffre était alors, selon le CRED, vraisemblablement excessif, mais il n’a jamais été mis à jour pour refléter la poursuite du conflit, et, selon Debarati Guha-Sapir, il semble désormais “raisonnable”.
En Irak, le CRED a évalué le bilan, jusqu’en juin 2006, entre 120 000 et 130 000 morts et estime que l’étude très controversée publiée par The Lancet souffre de deux handicaps : l’engagement contre la guerre de certains de ses auteurs et l’absence de contrôle de la qualité des données recueillies sur place par des équipes irakiennes.
Selon Olivier Degomme, chercheur au CRED, les méthodes utilisées par les épidémiologistes, les démographes ou les biostatisticiens pour compter les morts “n’ont jamais été validées à 100 %”. Utilisées par l’OMS il y a quinze ans pour des campagnes de vaccination, ces techniques ont été étendues aux enquêtes nutritionnelles puis de mortalité, et, bien qu’elles donnent une idée de la “magnitude” des conflits, “on commence à en voir les limites”, admet le médecin. Comment savoir qu’un échantillon est représentatif ? Ou qu’un “sondé” n’exagère pas le nombre de morts dans sa famille, pour discréditer l’occupant ou recevoir plus d’aide ?
Parmi les défenseurs des droits de l’homme, l’avalanche de chiffres suscite des interrogations. Selon Iain Levine, directeur de programme de Human Rights Watch, l’organisation “a passé du temps à tenter de maîtriser ces approches quantitatives” et “essaye de donner des chiffres conservateurs quand la source est jugée digne de confiance”. Ne vaut-il pas mieux afficher les scénarios les plus pessimistes, pour alerter l’opinion ? “Notre crédibilité et notre aptitude à changer les choses est mieux servie à long terme en étant prudents”, estime M. Levine.