Habitué des provocations en tous genres, le député londonien George Galloway a franchi une nouvelle limite vendredi en affirmant que l'assassinat du Premier ministre Tony Blair serait "moralement justifié" en raison de sa décision d'aller en guerre en Irak.
"Je n'appelle pas" à l'assassinat de M. Blair, a précisé le leader du parti Respect dans le magazine britannique GQ. "Mais si cela se produisait, ce serait totalement différent des événements du 7/7", a-t-il expliqué, en référence aux attentats de Londres, le 7 juillet 2005, qui ont fait 56 morts et 700 blessés.
"Ce serait (...) moralement équivalent au fait d'ordonner la mort de milliers de personnes innocentes en Irak comme Blair l'a fait", a insisté le député du quartier londonien Bethnal Green and Bow, o¨ réside une forte communauté musulmane.
Exclu du parti travailliste en 2003 pour avoir accusé Tony Blair et le président américain George W. Bush de se comporter comme des "loups" en Irak, George Galloway n'en est pas à sa première polémique.
"George est souvent un bouffon, fréquemment un clown", mais ces propos sont "absolument méprisables", a réagi le député travailliste Stephen Pound, tout en reconnaissant qu'aucune sanction n'est possible contre lui aux Communes.
Ecossais de souche, George Galloway, 51 ans, a toujours été un franc-tireur. Et depuis son éviction du Labour, son seul programme semble être son opposition permanente à la guerre en Irak et surtout à Tony Blair.
Mais l'argument a de l'impact. Lors des élections législatives 2005, il s'impose largement face à la député sortante dans un quartier de l'est londonien considéré comme un fief travailliste inexpugnable.
Moins de 48 heures avant son éclat dans GQ, George Galloway avait encore démontré son anti-blairisme lors d'un show télévisé à Cuba, aux côtés du président Fidel Castro.
Venu défendre le "lider maximo" contre les affirmations du magazine américain Forbes selon qui il serait un des hommes les plus riches du monde, le député britannique avait une nouvelle fois ressorti l'argument Tony Blair, accusant celui-ci de payer sa maison londonienne avec ses revenus pour "ses humbles services rendus à l'empire américain".
Ami de tous les leaders anti-américains, George Galloway avait ouvertement félicité Saddam Hussein en 1994. Et cette proximité avec l'ancien dictateur irakien lui avait valu le label de "député de Bagdad centre".
Mais les accusations ne s'étaient pas arrêtées là. Selon un rapport de l'ONU d'octobre 2005, cette relation privilégiée lui aurait permis de de bénéficier du programme "Pétrole contre nourriture" de l'ONU, accusation qu'il a rejetée avec éclat, notamment devant une commission parlementaire américaine.
Provocateur, Galloway ne recule devant rien. Son apparition dans une émission de télé-réalité, en janvier, o¨ il est filmé en train d'imiter un chat lappant du lait, à genoux devant une actrice de séries Z, aurait détruit n'importe qui. Mais pas lui.
Et il est toujours là, avec un objectif une nouvelle fois affiché vendredi, faire juger MM. Blair et Bush pour "crimes de guerre": "J'ai été na´f vis-à-vis de Saddam Hussein, certes, mais avec les années qui passent, les gens détestent beaucoup plus Bush et Blair que Saddam".
(Josep Pla)
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