L’Etat, pour Sarkozy comme pour la totalité de la classe politique française, c’est le Bien : il n’est pas de tâches nobles que l’Etat, s’il est bien dirigé, ne puisse accomplir. Sarkozy est là aux antipodes du libéralisme anglo-saxon à la Thatcher ou à la Reagan pour qui l’Etat était, en soi, le problème. Il existe bien en France une réflexion générale sur la taille de l’Etat, la bureaucratie, la décentralisation, mais Sarkozy n’y fait pas allusion soit parce que lui-même aime l’Etat dont il souhaite s’emparer, soit parce qu’il sait que la plupart des Français attendent tout de l’Etat.
Sarkozy ne se réfère pas non plus aux critiques, de droite comme de gauche, sur la nature monarchique de l’Etat français. En France, le Parlement n’est pas un contre-pouvoir, la Justice à peine plus ; le Président peut nommer, sans contrôle, plusieurs milliers de fonctionnaires et autres personnes de son choix à des postes clé de la société française, y compris dans le monde de la culture et de l’économie. Mais Sarkozy, tout comme sa concurrente socialiste, n’envisage que de perpétuer cette étrange monarchie républicaine ; l’opinion publique en France est dans l’ensemble façonnée, conditionnée, pour attendre de l’élection présidentielle, un sauveur façon De Gaulle ou Jeanne d’Arc.
Peu libéral sur l’Etat, Sarkozy l’est-il plus en économie ? Ce n’est pas parfaitement clair. Certes, il est le candidat préféré des patrons, en particulier parce qu’il s’engage à libéraliser les lois sur le travail . Mais, par-delà cette approche généraliste en faveur d’un marché du travail plus flexible, Sarkozy reste flou dans son analyse économique. S’il se dit favorable à l’économie du marché, pas hostile au capitalisme américain, ni à la mondialisation, il n’exclut pas pour autant l’intervention de l’Etat à l’appui des « champions nationaux », les grands groupes qui constituent, selon lui, le moteur de l’économie française. Cette approche bigarrée, mixte de l’économie, le classe plutôt dans la tradition gaulliste et dans la continuité de Jacques Chirac que dans l’hémisphère libérale ; si, d’aventure, il devenait Président, nul doute que le patronat français serait quelque peu déçu. Celui-ci, sans trop d’illusions sans doute, ne le soutient que parce qu’un socialiste leur semblerait pire encore que Sarkozy ; mais nul n’attend de celui-ci une rupture à la Thatcher.
(Josep Pla)
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dimarts, 12 de setembre del 2006
Però, té alguna cosa de liberal Sarkozy?
Al país dels cecs, el borni és rei. Guy Sorman fa una radiografia detallada del producte Sarkozy: