Adéu a Nihil Obstat | Hola a The Catalan Analyst

Després de 13 anys d'escriure en aquest bloc pràcticament sense interrumpció, avui el dono per clausurat. Això no vol dir que m'hagi jubilat de la xarxa, sinó que he passat el relleu a un altra bloc que segueix la mateixa línia del Nihil Obstat. Es tracta del bloc The Catalan Analyst i del compte de Twitter del mateix nom: @CatalanAnalyst Us recomano que els seguiu.

Moltes gràcies a tots per haver-me seguit amb tanta fidelitat durant tots aquests anys.

divendres, 3 de setembre del 2010

El fiil de Sakineh entrevistat per Bernard-Henri Lévy

Bernard-Henri Lévy ha entrevistat Sajjad, fill Sakineh Mohammadi Ashtiani, la dona condemnada a mort per adulteri i pel suposat assassinat del seu marit. Es tracta d'una entrevista exclusiva, enregistrada per telèfon mòbil i realitzada en dues parts el 2 i el 3 de setembre.
Bernard-Henri Lévy : Cher Sajjad. Je suis très ému de vous parler. Armin Arefi, de la Règle du Jeu, est ici, avec moi, et traduira notre conversation. D’abord où êtes-vous, là, à cet instant ?
Sajjad Mohammadi Ashtiani : A Tabriz, la ville où ma mère est emprisonnée. Je suis dans la rue. Et je vous appelle d’un téléphone portable.
Bernard-Henri Lévy : Vous pensez que nous pouvons parler tranquillement ?
Sajjad Mohammadi Ashtiani : Je crois, oui. Je change très souvent de numéro afin de tenter d’échapper aux écoutes téléphoniques. Essayons. Nous verrons bien.
Bernard-Henri Lévy : Comment sont les autorités vis-à-vis de vous ? Subissez-vous des pressions ? Des tentatives d’intimidation ?
Sajjad Mohammadi Ashtiani : Oui, bien sûr. J’ai reçu deux appels des services des renseignements. Deux convocations, en fait. Mais j’ai refusé d’y aller. Pour l’instant, je n’ai pas été arrêté.
Bernard-Henri Lévy: Nous ne savons rien de vous, cher Sajjad. Qui êtes-vous ? Que faites-vous ?
Sajjad Mohammadi Ashtiani : J’ai 22 ans. Je suis l’aîné des enfants de Sakineh. Je travaille de 6 h du matin à 11 heures du soir en tant que contrôleur des billets dans les autobus de la ville. Pour le reste… Toutes mes pensées, toute ma volonté, ne sont tendues que vers un seul but : sauver ma mère.
Bernard-Henri Lévy: Justement. Où en est-on ? Comment, aujourd’hui, voyez-vous les choses ?
Sajjad Mohammadi Ashtiani : Je suis passé par des moments de désespoir. J’ai écrit aux autorités. Souvent. Mais elles m’ont répondu par un silence total. Depuis quelques jours, avec la mobilisation que vous avez lancée, je reprends un peu espoir.
Bernard-Henri Lévy: Votre maman, depuis sa cellule, est-elle informée de cette vague mondiale de solidarité et d’amitié ?
Sajjad Mohammadi Ashtiani : Oui. On le lui a dit lors des rares visites auxquelles elle avait droit. Elle en a été heureuse. Et elle vous a remercié.
Bernard-Henri Lévy: Vous parlez au passé. Pourquoi ? De quand date votre dernière visite ?
Sajjad Mohammadi Ashtiani : Juste avant ses soi disant « aveux » télévisés. Jusque là, on la voyait une fois par semaine, tous les jeudis. Depuis rien. Ni ma sœur et moi. Ni les avocats. Ce matin encore, puisque c’est jeudi, je me suis rendu à la prison. Mais le gardien m’a dit : « Madame Mohammadi Ashtiani est interdite de tout contact par décision du pouvoir ».
Bernard-Henri Lévy: Que pouvez-vous nous dire de ses conditions de détention ?
Sajjad Mohammadi Ashtiani : Elles sont très dures. Elle subit des interrogatoires incessants de la part des renseignements iraniens. On lui demande, par exemple, comment cela se fait que son portrait est affiché partout dans le monde et qui, selon elle, a lancé cette mobilisation internationale.
Bernard-Henri Lévy: Dans quel état psychologique est-elle ?
Sajjad Mohammadi Ashtiani : Elle prend de nombreux médicaments. Des antidépresseurs. Et elle prie.
Bernard-Henri Lévy: Est-elle dans une cellule individuelle ou avec d’autres femmes ?
Sajjad Mohammadi Ashtiani : Toutes les femmes condamnées de la ville de Tabriz sont dans le même quartier de la prison. Ce sont des petites cellules avec, parfois, quinze ou vingt femmes entassées. Mais il est possible que, depuis ce passage à la télévision, ils l’aient mise en cellule individuelle. Je vous le répète : je ne sais plus rien, je n’ai plus aucune nouvelle.
Bernard-Henri Lévy: Ce passage à la télévision a beaucoup impressionné, ici. Déjà, était-ce vraiment elle ?
Sajjad Mohammadi Ashtiani : Oui, bien sûr, c’était elle. Mais…
Bernard-Henri Lévy: Mais ?
Sajjad Mohammadi Ashtiani : Mais elle a été violentée au préalable. C’est Houtan Kian, l’avocat, qui l’a su de la bouche de ses codétenues. Les autorités avaient besoin de ces confessions afin de pouvoir rouvrir le dossier du meurtre de mon père.
Bernard-Henri Lévy: Les autorités, elles, affirment, que le dossier n’a jamais été vraiment clos.
Sajjad Mohammadi Ashtiani : C’est faux. Ils affirment cela pour pouvoir la tuer plus facilement. D’ailleurs, le dossier vient d’être, comme par hasard, égaré.
Bernard-Henri Lévy: Que voulez-vous dire ?
Sajjad Mohammadi Ashtiani : Avant-hier, alors que je me rendais au tribunal pour en obtenir une copie, on m’a dit qu’on ne l’avait plus. On m’a demandé d’aller au rez de chaussée où, là non plus, on n’a pas pu le trouver. J’en ai parlé à l’avocat Houtan Kian qui a fait ses propres recherches et qui m’a dit qu’il ne se trouvait pas non plus à Oskou, ville de province d’où mes parents sont originaires. Tout cela est mauvais. Il pourrait s’agir d’un plan de la République islamique pour modifier le dossier et y ajouter éléments à charge justifiant l’exécution.
Bernard-Henri Lévy: Pour la deuxième affaire, donc. Celle, non de l’adultère, mais du meurtre…
Sajjad Mohammadi Ashtiani : C’est cela. D’autant qu’il y a encore deux choses. Une semaine avant la perte du dossier, le domicile de Houtan Kian a été saccagé et, lors de cette intrusion, son ordinateur portable ainsi que la mallette dans laquelle se trouvait le résumé du dossier ont été dérobés. Et hier encore, mercredi, les services de Renseignement ont à nouveau envahi son domicile et ont embarqué un descriptif du dossier du meurtre de mon père, le dernier qui était en notre possession. C’est Houtan Kian lui même qui vient, à l’instant, de me l’indiquer par SMS.
Bernard-Henri Lévy: Houtan Kian, est-ce vous qui l’avez choisi ou a-t-il été commis d’office ?
Sajjad Mohammadi Ashtiani : Commis d’office. Mais je le vois. Je lui parle au téléphone. Je sais par exemple qu’il vient de remettre un dossier de 35 pages au Conseil Suprême du pays. Lui, comme notre ancien avocat, Mostafaei, celui qui a dû s’exiler à l’étranger, ont fait un bon travail.
Bernard-Henri Lévy: Vous êtes au courant des propos de Monsieur Mostafaei que cite la presse allemande cette semaine et qui semblent laisser planer une équivoque quant à une possible complicité de votre mère dans le meurtre de votre père ?
Sajjad Mohammadi Ashtiani : Oui, bien sûr. Mais Mostafaei n’a pas eu accès au dossier du meurtre de mon père. Donc son avis n’a aucune valeur, ses déclarations ne sont pas à prendre en compte.
Bernard-Henri Lévy: Alors pourquoi les aurait-il faites ?
Sajjad Mohammadi Ashtiani : A cause des pressions exercées par le gouvernement iranien sur sa famille. C’est un bon avocat.
Bernard-Henri Lévy: Permettez une question plus directe. Vous êtes, après tout, le fils de l’un (votre père, assassiné) et de l’autre (votre mère, accusée de complicité dans cet assassinat). En votre âme et conscience, êtes-vous certain que l’accusation soit infondée ?
Sajjad Mohammadi Ashtiani : En mon âme et conscience, oui. Mille fois oui. C’est un pur mensonge. Doublé d’une incroyable injustice. Ma mère, qui n’a rien fait, rien, risque la lapidation. Alors que le vrai meurtrier, Taheri, est libre…
Bernard-Henri Lévy: Parce que vous lui avez pardonné.
Sajjad Mohammadi Ashtiani : Oui. Il est le père d’une petite fille de trois ans qui a beaucoup pleuré devant nous. Nous n’avons pas voulu, ma sœur et moi, être la cause de son exécution.
Bernard-Henri Lévy: Est-il vrai que vous étiez là quand votre mère a subi les 99 coups de fouet ?
Sajjad Mohammadi Ashtiani : C’est tout à fait vrai. Cela s’est produit à Oskou, dans la province de Tabriz, dans une chambre du tribunal. J’ai été ravagé par les sentiments. J’ai ressenti beaucoup de haine et j’ai beaucoup pleuré. Je n’avais que 16 ans.

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