L'enquesta s'ha fet entre els dies 22 i 24 d'agost a 1.001 adults amb la finalitat de conèixer els efectes que ha tingut la protesta de Cindy Sheehan, la mare d'un soldat mort a l'Iraq que es manifesta a les portes del ranxo texà del president George Bush, entre els familiars i amics de militars destinats a l'Iraq. Els resultats no permeten concloure que aquells més afectats per la guerra des del punt de vista personal siguin els que tenen una actitud més crítica, sinó més aviat al contrari.
Així, el sondeig mostra que entre els que tenen algun conegut enviat a l'Iraq un 49% creu que iniciar la guerra va ser una decisió apropiada, mentre que un 47% creu que va ser un error. En canvi, entre aquells que no tenen coneguts que hagin participat en la guerra són un 61% els que qualifiquen la guerra d'error davant un 36% que segueix abonant la decisió.
Respecte a la manera com s'ha portat a terme la guerra, el 68% dels que no tenen vincles amb cap militar a l'Iraq la desaprova i el 28% l'abona, mentre que els que tenen coneguts al país es mostren més dividits, amb un 44% de suports i un 50% de desaprovació. Tot i això, el fet de conèixer o no militars que hagin servit a l'Iraq no influeix en les actituds sobre altres assumptes, com el suport majoritari (60%) que els soldats s'hi quedin fins que el país recuperi l'estabilitat o la defensa del dret que tenen els opositors a la guerra, com Cindy Sheehan, a protestar públicament.
Aquesta divegència de percepcions, lluny de ser una anècdota esdevé un element essencial sobre el paper que juga la informació en la conformació de l'opinió pública. Ludovic Monnerat ho explica molt clarament:
Le phénomène en jeu est le suivant : avec la disponibilité des connexions Internet, des appareils photo numériques et des téléphones cellulaires, il est désormais possible aux soldats déployés sur un théâtre d'opérations lointain comme l'Irak de maintenir le contact avec leurs proches et de leur faire parvenir des informations sur ce qu'ils vivent, font, voient et entendent par la voix, par l'écrit (e-mail, blogs) et par l'image. Le sociologue américain Charles Moskos a montré en 2004 qu'un tiers des soldats US déployés en Irak utilisent l'Internet une fois par jour, et un autre tiers une fois par semaine ; compte tenu de l'amélioration des conditions de logement au fil des rotations, ces chiffres sont probablement plus grands aujourd'hui. Avec pour conséquence un flux d'informations constant qui touche de façon inégale la population américaine.
J'aime à représenter cette libéralisation de l'information en conflit comme une sorte de main invisible qui vient corriger les déséquilibres dus à la focalisation économique et idéologique des médias traditionnels. Les soldats déployés en Irak ont une perspective souvent réduite et se contentent d'expliquer ce dont ils sont témoins ou acteurs. Mais la crédibilité de leurs récits pour leurs proches, et pour les proches de leurs proches (les e-mails en chaîne sont légion), est bien supérieure à celle des porte-paroles gouvernementaux ou à celle des journalistes professionnels. Et cette multiplication d'inputs positifs sur la situation en Irak, avec une perspective inaccessible au grand public (à l'exception des internautes connaissant Chrenkoff), explique en grande partie la différence d'opinion indiquée par le sondage.
Il convient naturellement de relativiser ce dernier : les proches des militaires déployés ont également plus de chances d'être républicains et pro-Bush que ceux ne connaissant personne en Irak. Malgré cela, le phénomène me paraît ici de première importance dans la guerre du sens, dans la lutte pour le soutien des opinions publiques.