Christopher Caldwell ho plantejava al Financial Times citant nombrosos casos que demostren l’extensió del fenomen de la judicialització de “la correcció política”, com ara la condemna a França de l’historiador Bernard Lewis per haver refusat qualificar de genocidi la masacre d’armenis a Turquía; les querelles contra Michel Houellebecq, Oriana Fallacci o Alain Finkielkraut; l’intent d’impedir la publicació de Charlie Hebdo amb les caricatures de Mahoma; la condemna d’un diputat del RPR per declaracions considerades homòfobes; la condemna d’Edgar Morin per un article a Le Monde sobre el conflicte israeliano-palestí o la denúncia presentada « per revisionisme » contra Olivier Pétré-Grenouilleau, historiador i professor universitari autor del “Traites négrières”.
Fa uns dies, un grup de 19 coneguts historiadors francesos publicaven a Liberation un manifest titulat “Llibertat per a la història” en el que reclamaven la derogació de diverses lleis que consideren “indignes d’un règim democràtic”. Concretament, fan referència a la llei de 13 de juliol de 1990, coneguda com a Llei Gayssot que castiga qualsevol referència racista, antisemita o xenòfoba, així com la llei de 29 de gener de 2001 relativa al reconeixement del genocidi armeni de 1915, la llei de 21 de maig de 2001, o llei Taubira, que reconeix com a crim contra la humanitat la tracta d’esclaus, així com la llei de 23 de febrer de 2005 sobre els repatriats. Ja són més de 600 els firmants del manifest que, entre altres coses, diu:
"Emus par les interventions politiques de plus en plus fréquentes dans l'appréciation des événements du passé et par les procédures judiciaires touchant des historiens et des penseurs, nous tenons à rappeler les principes suivants. L'histoire n'est pas une religion. L'historien n'accepte aucun dogme, ne respecte aucun interdit, ne connaît pas de tabous. Il peut être dérangeant. L'histoire n'est pas la morale. L'historien n'a pas pour rôle d'exalter ou de condamner, il explique. L'histoire n'est pas l'esclave de l'actualité. L'historien ne plaque pas sur le passé des schémas idéologiques contemporains et n'introduit pas dans les événements d'autrefois la sensibilité d'aujourd'hui" (...) "L'histoire n'est pas la mémoire. L'historien, dans une démarche scientifique, recueille les souvenirs des hommes, les compare entre eux, les confronte aux documents, aux objets, aux traces, et établit les faits. L'histoire tient compte de la mémoire, elle ne s'y réduit pas. L'histoire n'est pas un objet juridique. Dans un Etat libre, il n'appartient ni au Parlement ni à l'autorité judiciaire de définir la vérité historique. La politique de l'Etat, même animée des meilleures intentions, n'est pas la politique de l'histoire" (...) "C'est en violation de ces principes que des articles de lois successives -notamment les lois du 13 juillet 1990, du 29 janvier 2001, du 21 mai 2001, du 23 février 2005- ont restreint la liberté de l'historien, lui ont dit, sous peine de sanctions, ce qu'il doit chercher et ce qu'il doit trouver, lui ont prescrit des méthodes et posé des limites. Nous demandons l'abrogation de ces dispositions législatives indignes d'un régime démocratique".Un altra grup d’intel•lectuals, reunits a iniciativa del filòsof Paul Thibaud, van firmarun manifest a finals de desembre demanant també la derogació de les mateixes lleis. El manifest, titulat “La llibertat de debatre”, diu el següent:
La France, du moins ceux qui la dirigent ou la régente, succombe à un singulier idéalisme, non plus celui qui se satisfait de proclamer des principes, mais celui de la contrition et de l'épuration. On veut croire qu'en interdisant l'expression des mauvaises idées et en légalisant la vérité on assainira les mentalités et on se mettra à l'abri du pire. On imagine qu'en remplaçant l'idée d'une France inventant la liberté moderne par la commémoration de nos fautes, on dégagera un avenir. En fait nous voyons que la liberté, le civisme, la vérité sont ensemble perdants quand on essaie de gouverner la pensée, de pasteuriser la démocratie.Em quedo a l'espera que el debat comenci també a casa nostra. M'agradaria que els primers en encetar-lo fóssim els periodistes. Un debat que, per començar, revisi el codi deontologic del Col·legi de Periodistes de Catalunya que, en diversos dels seus punts, és més un instrument de censura que de defensa de la llibertat de premsa i del dret a la informació.
Les lois contre le négationnisme, pour la reconnaissance du génocide arménien, de l'esclavage et de la traite, aussi bien que sur les mérites de la colonisation française, débordent le domaine de la loi tel que défini par l'article 34 de notre constitution. Plus généralement, le devoir des politiques est d'assurer l'avenir de la nation, non de fixer en dogmes son histoire. Certes, pour gouverner un peuple il faut connaître son passé et en tenir compte, il faut s'appuyer sur une conscience historique commune tout autant que sur une moralité commune. Mais le pouvoir ne saurait régler, encore moins arrêter, les perpétuels réaménagements de la conscience collective, le travail de la mémoire, le dialogue continué avec le passé qui est indissociable de l'exercice des libertés publiques, dans la vie politique, dans la littérature, dans l'historiographie. L'incitation au crime relève des tribunaux, il n'en va pas de même des opinions aberrantes. Celles-ci on les réfute ou on les dénonce. Quand on ne fait pas confiance à la liberté de débattre, le mot de république perd tout sens. C'est pourquoi nous demandons l'abrogation de toutes les lois (Gayssot, Taubira, Accoyer…) qui ont pour objet de limiter la liberté d'expression ou de qualifier des événements historiques.
Quelles qu'aient pu être leurs justifications particulières, leurs vertus immédiates, ces interventions ont produit un enchaînement dangereux. Par moralisme et désir de se mettre à l'abri de tout reproche, nos politiques ont ouvert la voie à des demandes successives de pénalisation et à la sanctuarisation des mémoires particulières. Le morcellement qui en résulte de la mémoire nationale favorise des durcissements et des affrontements dont nous voyons les prodromes. C'est au contraire d'un travail de vérité et de compréhension qui porte sur toute notre histoire que nous avons besoin. Ceci exige que la liberté de débattre soit pleinement rétablie.
ADDENDA.- Sobre aquest tema val la pena llegir també l'article "Even bigots and Holocaust deniers must have their say" del professor de dret de la University College London, Ronald Dworkin, publicar a The Guardian.