Cette guerre, d’abord populaire, est devenue impopulaire avec le temps [1] sous l’effet de la multiplication des mauvaises nouvelles : combats sans fin, méfiance persistante entre Irakiens, victimes militaires américaines. La conquête du pouvoir des Démocrates exige donc que les mauvaises nouvelles s’accumulent.
Or, il ne pourrait pas y avoir de plus mauvaise nouvelle qu’une défaite claire et nette des Etats-Unis. Si cette défaite ne vient pas d’elle-même assez tôt, les Démocrates sont donc déterminés à la provoquer.
Une fois ce but fixé, les Démocrates seraient cependant confrontés à trois difficultés.
En premier lieu, le moyen le plus simple de provoquer la défaite – utiliser le pouvoir parlementaire pour arrêter de financer la guerre – montrerait trop clairement l’ambition politique des Démocrates et se retournerait presque certainement contre eux. Les Démocrates cherchent donc à parvenir au même résultat – l’impossibilité de combattre efficacement – par des moyens détournés.
Dans des projets de lois à répétition, les Démocrates ont tenté d’imposer à l’Armée des conditions impossibles à tenir, ce, dans le but de lui faire perdre la guerre sans en prendre pour autant la responsabilité politique. Au cours d’une première vague législative, en février dernier, la stratégie était de conditionner le maintien des troupes à une prolongation des séjours des soldats au pays entre deux déploiements, ainsi qu’à une amélioration de leur équipement. Depuis lors, les Démocrates ont tenté de conditionner le vote des fonds à une date de retrait qui, une fois connue de l’ennemi, rendrait toute opération militaire inutile dans l’intervalle – il suffirait, en effet, aux groupes terroristes de s’organiser discrètement pour une offensive majeure au lendemain du retrait. L’objectif est cependant toujours le même : faire perdre la guerre à l’armée américaine, mais par des voies trop détournées pour que le parti Démocrate ait à prendre la responsabilité de la défaite.
Ces tentatives ont toujours échoué, soit parce que les Démocrates ne sont pas parvenus à faire voter leurs projets de capitulation (ils ont une courte majorité dans les deux chambres, mais il faut souvent l’accord de 60 sénateurs pour passer au vote d’une loi non budgétaire), soit parce que des lois votées ont subi le veto du Président. Les Démocrates ne parviendront donc à leurs fins que s’ils arrivent à convaincre un nombre suffisant de Républicains de rejoindre le camp de la défaite. Ils en sont loin aujourd’hui, et une telle évolution ne deviendrait possible que si la situation militaire se dégradait gravement.
C’est là qu’apparaît la deuxième difficulté pour le parti Démocrate majoritaire. L’Irak reste chaotique et violent ; le pays subira des attaques terroristes aussi longtemps que les Etats-Unis ne se seront pas résolus à vaincre l’Iran, ou, du moins, aussi longtemps qu’ils n’auront pas mis les moyens nécessaires pour boucler la frontière. Mais, au grand désespoir de la majorité, la nouvelle stratégie initiée en février dernier avec la nomination d’un nouveau général américain, David Petraeus, a rencontré des succès assez clairs pour affaiblir le message – indispensable à sa conquête du pouvoir – d’une catastrophe généralisée.
Le général Petraeus, confirmé en février par le Sénat Démocrate, a obtenu du Président une augmentation de plus de 20 000 soldats américains en Irak. Surtout, il a modifié la doctrine d’emploi des forces : alors que les Américains avaient l’habitude de combattre, puis de se retirer dans leurs bases – laissant le champ libre aux djihadistes survivants pour revenir se venger sur les populations locales – Petraeus a multiplié les points de présence permanents à Bagdad, ce qui permet à la fois d’améliorer le renseignement et de rassurer les Irakiens.
Les attentats terroristes ont, depuis, fortement diminué à Bagdad, les djihadistes choisissant désormais des cibles plus éloignées des troupes américaines. La nouvelle doctrine d’emploi des forces a également facilité le retournement d’alliance des populations sunnites de la région d’al-Anbar : alliés d’al Qaeda jusqu’à l’automne 2006, ces populations ont désormais pris les armes contre les djihadistes et comptent sur la présence armée américaine pour les soutenir dans ces combats. Les rues de Ramadi (la capitale provinciale), jusqu’à récemment trop dangereuses pour tout Occidental, accueillent à nouveau les journalistes de CNN.
Ces succès – limités mais indiscutables – ont fait souffler un vent de panique dans le Parti Démocrate. La semaine dernière, à l’occasion de la publication du rapport intérimaire de Petraeus, les parlementaires ont de nouveau essayé, dans la précipitation, d’imposer au Président une date de retrait des troupes – et à nouveau échoué, faute d’une majorité suffisante. Le rapport définitif du général est attendu en septembre. Personne ne peut prédire l’évolution de la situation dans les deux prochains mois, mais une chose est sûre : plus les choses iront mal, plus les Démocrates se réjouiront ; plus il y aura de bonnes nouvelles militaires, plus ils deviendront nerveux.
Enfin, la troisième difficulté de la majorité parlementaire est que personne ne doute un moment des conséquences qui suivront une défaite américaine. Les djihadistes, convaincus que leur interprétation de l’islam finira par conquérir le monde, verront dans le retrait américain la preuve de la justesse de leur analyse. Leur victoire convaincra des centaines de millions de musulmans que l’Occident est effectivement en déclin, que les principes de liberté et de droits de l’homme sont destinés à l’échec, et que l’avenir appartient aux visions théologiques de Zawahiri et Ahmadinejad.
Ceux qui cherchent à faire progresser les idées de liberté dans le monde musulman seront constamment renvoyés à la défaite de ces idées en Irak ; ils devront se taire ou subir la vengeance du djihad. Les gouvernements musulmans qui cherchent à maintenir de bonnes relations avec l’Occident seront fragilisés et de plus en plus menacés par la vague montante d’un djihad certain de sa victoire finale.
Pour s’en tenir à l’Irak, les djihadistes célèbreront le départ des Américains comme l’avaient fait les communistes au Vietnam et au Cambodge après 1973 : par des massacres massifs, pour l’exemple, des personnalités démocrates et des populations soupçonnées de sympathie pour la liberté. Les forces gouvernementales, qui cherchent à réduire la violence entre les trois grandes composantes de la population irakienne – arabes sunnites, shiites et kurdes – auront perdu toute crédibilité du fait de leur association avec les vaincus. Ils seront remplacés par ceux qui veulent lancer une guerre civile ouverte, et l’on verra sans doute bientôt s’établir, là où l’Irak aura été, trois entités : un califat alqaediste, qui portera immédiatement le djihad dans les pays voisins ; au Sud, une annexe arabe de l’Iran des mollahs ; et, avec un peu de chance, dans les régions kurdes, un Etat modéré mais constamment menacé et entouré d’ennemis.
C’est sur ce projet – celui d’une victoire psychologique majeure du djihad, de l’abandon des Irakiens démocrates au couteau des bouchers, et du démantèlement du principal allié des Etats-Unis dans le monde arabe – que le Parti Démocrate veut fonder sa victoire aux élections de 2008. L’admettre explicitement pourrait nuire à son image de parti progressiste et humaniste : les conséquences du retrait ne sont donc jamais mentionnées, ni par les élus de ce parti, ni par la presse qui le soutient. Mais la réalité – c’est même sa définition – ne disparaît pas lorsqu’on cesse d’en parler. Le monde entier doit aujourd’hui préparer l’éventualité d’une défaite majeure des principes de liberté, organisée de manière délibérée et consciente par le plus grand parti de la plus puissante démocratie au monde.
(Josep Pla)
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dijous, 26 de juliol del 2007
El poder a qualsevol preu
Publico la part final de l’extens article de Sébastien Castellion “La danse de la défaite” on s’analitza l’estratègia política dels demòcrates per conquerir la Casa Blanca a finals de l’any que ve. Una estrategia que es formula en aquests termes: només una derrota nord-americana a l’Iraq donarà la victòria als demòcrates als Estats Units. Castellion exposa de manera clara i detallada aquesta vella estratègia del “quant pitjor, millor” i mostra la perversa obssessió demòcrata per obtenir el poder a qualsevol preu.