Tot i la por i les prevencions comprensibles, ja que es tracta d’un experiència inèdita, jo hem decanto per la segona resposta. Reconec que aquesta opció està feta des de l’optimisme del cor i les ganes de trobar alternatives viables a l’amenaça del totalitarisme islamista. Però he de dir també que aquest optimisme no va acompanyat, com en la sentència gramsciana, del pessimisme de la raó. Pel contrari, si he de jutjar per les seves accions –i crec que això és el correcte- he de reconèixer que Erdogan ha portat a terme una política econòmica més liberal i ortodoxe que la dels anteriors governs turcs, tots ells molt laics i estatistes, aconseguint contenir la inflació i millorar el nivell de vida dels ciutadans amb un creixement del 6% anual en els últims quatre anys.
Aquest creixement, que no és exclusiu de Turquia sinó també d’altres països musulmans, sorgeix de l’abandonament de les polítiques econòmiques socialistes i antiliberals, tirant per terra el mite que era la religió la causa principal de la seva pobresa secular. Aquesta, si més no, és la tesi de Guy Sorman.
Des économies qui furent longtemps anesthésiées, voire des cas désespérés, comme le Maroc, le Bangladesh ou l’Egypte atteignent 6% par an ; le Pakistan et l’Indonésie figurent dans cette même catégorie des économies émergentes. Seul le Yemen connaît un taux de croissance inférieur à l’augmentation de sa population. Ce n’est donc pas l’islam qui interdirait le développement économique, cette vieille thèse pseudo-culturaliste tant rabâchée. Toutes ces économies « musulmanes » étaient en réalité paralysées par des stratégies contre-productives généralement héritées du socialisme : bourgeoisie expulsée ou dépossédée, autarcie, et planification centrale. Mais depuis les années 1980, sous l’influence des doctrines libérales, avec les conseils du Fonds monétaire international, grâce à la mondialisation des échanges, tous les gouvernements concernés se sont tous engagés dans des politiques de libéralisation ; celles-ci procurent des résultats heureux sous tous les climats, dans toutes les civilisations. La route est la bonne, mais les gouvernements des pays musulmans ne sont qu’à mi-parcours comme en témoigne une inflation qui reste plus élevée que la moyenne mondiale : 7,6% en islam contre 3,6% dans le monde. Cette discordance révèle une gestion publique encore médiocre et des Etats trop dispendieux. Lorsque ces dépenses publiques seront maîtrisées, ces pays peuvent espérer rejoindre le peloton sino-indien, entre 7 et 10% par an.
L’islam n’empêche pas le développement économique ; on peut même envisager qu’il le favorise car les tigres anatoliens ne sont pas isolés dans les mondes musulmans. La tradition islamique ne célèbre-t-elle pas le commerce et la réussite économique ? Le Coran est le seul livre sacré au fondement d’une religion qui encense la richesse ici-bas au contraire des Evangiles ou du Bouddhisme qui préfèrent la pauvreté ; Mahomet est le seul Prophète qui fut entreprenant et marié à une négociante. La réussite matérielle en islam est donc, comme elle le deviendra tardivement chez les Calvinistes, un signe d’élection. Ceci explique que les partis politiques qui se réclament de l’islam, comme l’AKP, sont toujours favorables à l’économie de marché .
Bien des raisons peuvent expliquer l’échec économique des pays musulmans à l’époque moderne : la colonisation, le socialisme arabe, le despotisme, les guerres. Mais parmi toutes ces causes, la religion, à l’expérience, est bien la moins convaincante. Les musulmans, au XXe siècle, s’enfoncèrent dans la misère sous des régimes autoritaires et socialistes ; ils cheminent maintenant vers le mieux-être grâce à des régimes moins répressifs et convertis à l’économie de marché. La Turquie en tête, et trente-deux pays musulmans prouvent que le développement n’est jamais une affaire de croyance ; il ne dépend que des bons choix de politique économique. L’antilibéralisme est toujours une catastrophe, tandis que le libéralisme marche, en islam ou pas. Saluons cette bonne nouvelle qui nous vient de Turquie et d’ailleurs ; ne craignons pas l’islam quand il est moderne.